3ème idée : Du travail confié par la mairie aux entrepreneurs indépendants ?

Stephane, vous avez été pendant 10 ans président de l’association Rencontres et Échanges Professionnels, une association créée à Tours pour encourager et soutenir l’entreprise individuelle.

Dans la première partie du manuel à propos de l’avenir du travail, l’avenir social, il est précisé que l’emploi salarié diminue progressivement mais irrémédiablement depuis 50 ans. Le salariat s’était développé avec l’industrie. En l’absence d’industries en quantité suffisante et d’un nombre suffisant d’emplois, le travail s’est développé dans le commerce puis Internet a accéléré sa diminution. Aujourd’hui l’hôpital et la mairie sont souvent devenus les principaux employeurs. Mais L’État doit limiter ses dépenses, notre déficit est important et les mairies ne pourront pas embaucher tous leurs habitants. Il devient donc important d’innover, de proposer de nouvelles solutions et de ne pas craindre de bousculer les codes établis. Il faut prendre en compte les mutations sociales et les nouveaux modes de communication, d’apprentissage et de travail. Nous sommes entrés dans une société où l’individu est en attente de considération individuelle dans une société où l’emploi constituait notre identité sociale. Il nous faut trouver les valeurs permises par le modèle collaboratif. Ce n’est pas facile psychologiquement d’entreprendre lorsque l’on a été salarié et encore moins lorsqu’on a peur et que l’on n’a pas d’argent. Dans le prochain chapitre vous lirez que si le nombre de bénéficiaires du RSA a doublé depuis 10 ans, il pourrait bien avoir triplé dans 10 ans. Il n’est pas souhaitable de laisser la situation de l’emploi continuer à se dégrader plus longtemps, un accompagnement est indispensable pour réussir notre évolution sociale et économique.

Selon le site Internet collectivités locales.gouv.fr “les charges de personnel constituent le principal poste de charges de fonctionnement des communes.

Elles représentent 46,4% des dépenses budgétaires et 49,7% des dépenses réelles”.

Source : Collectivités-locales.gouv.fr

Le site Internet du ministère de l’Économie nous permet de consulter les chiffres des budgets des collectivités locales. Tours est une des villes dont les dépenses sont les plus élevées pour les charges de personnel de ses employés en comparaison à d’autres villes de même taille et comprenant parfois même un peu plus d’habitants :

Les charges de personnel de la ville de Tours s’élèvent à 757 euros par habitant pour 139843 habitants, la ville du Mans comprend 146703 habitants, ses charges de personnel s’élèvent à 680 euros par habitant, à Clermont-Ferrand pour 155596 habitants 620 euros, à Brest pour 142555 habitants 376 euros et à Amiens pour 137380 habitants 637 euros.

Source : Impôts.gouv.fr

Depuis quelques années, nous remarquons que de plus en plus de personnes créent ou possèdent un projet de créer leur entreprise. S’ils disposent d’informations, les besoins d’encouragement avant la création, puis d’accompagnement après, ne sont pas suffisamment compris et satisfaits. C’est

la raison pour laquelle nous avons proposé durant 10 ans un cycle de conférences avec l’association Rencontres et Échanges Professionnels. Nous avons de plus en plus besoin d’accompagnements dans le domaine de l’emploi et de la création d’entreprise mais nous avons aussi besoin de plus d’accompagnement dans le domaine familial, dans le domaine des loisirs et de l’éveil à la culture, dans le domaine de l’accession à la propriété. Et pour compliquer encore un peu plus la vie des entrepreneurs, les banques sont frileuses à prêter de l’argent lorsque les recettes sont insuffisantes et aléatoires.

On ne cesse de nous dire qu’avec l’intelligence artificielle, nous avons de moins en moins besoin d’êtres humains mais nous ne savons pas responsabiliser et apprendre au citoyen à être confiant et entreprenant. Pourtant avec le développement de la dématérialisation informatique des échanges, tout semble s’organiser pour limiter l’intervention humaine, limiter les recrutements, notamment dans l’administration, dans l’enseignement et la formation, dans l’accompagnement à la recherche d’emploi.

Alors nous faisons fausse route ?

Nous pourrions nous mettre d’accord et admettre que les valeurs d’une société construite à partir de la consommation ne sont plus les mêmes dans une société qui consomme beaucoup moins. Alors, comment mieux soutenir ? L’État apparaît éloigné du terrain et de ses besoins mais il peut impulser et

coordonner. Une majorité de maires découragés semblent ne pas vouloir se représenter aux élections. Il est urgent et vital de les soutenir. Les équipes municipales des grandes villes sont bien étoffées. Elles peuvent venir en soutien. Nous avons remarqué qu’il existe de la part des citoyens un besoin d’accompagnement, pas par informatique et à distance, mais un accompagnement de proximité pour contribuer au développement social et économique qui ne peut être satisfait par l’État. “Dans les grandes agglomérations, nous pensons que c’est désormais à la mairie ou à la communauté de communes d’accompagner l’emploi de ses habitants, qui s’exerce de plus en plus souvent dans le domaine de la création d’entreprises individuelles. Et puisque l’emploi est directement lié à la vie quotidienne, il est bien naturel que la mairie accompagne également ses habitants dans leur vie matérielle et familiale.

Si j’ai bien compris, vous souhaitez valoriser l’emploi municipal en qualité et non en quantité ?

Les employés municipaux réalisent un travail extraordinaire, ils sont remarquables, nous le constatons tous les jours lorsque nous nous déplaçons. Lorsque je traverse le Jardin Botanique ou des Prébendes par exemple. Je connais des cadres et employés de la mairie notamment en retraite, nous échangeons, ils me racontent, je mesure bien leur travail et leur utilité. Mais il nous faut innover et nous adapter aux évolutions de notre société. Comme je l’écrivais précédemment, la mairie ne pourra pas embaucher tous les habitants. Assez rapidement des situations de tensions, de conflits, de jalousies vont se développer. Certaines tâches doivent continuer à relever de l’emploi municipal comme certaines fonctions relèvent de l’État. Au niveau local, cet encouragement au recours à l’entreprise individuelle peut se développer dans la production de services de proximité auprès des particuliers. Ce secteur présente de grandes opportunités. Cela comprend l’aide au repas des plus âgées, l’entretien de jardins et les travaux domestiques, un service d’assistance pour les plus âgés. Il faut cependant de l’accompagnement et il ne s’agit pas de dire que créer c’est bien. L’entrepreneur individuel doit pouvoir compter sur le soutien de l’employé municipal et aussi permettre son évaluation. Les Caisses d’Assurance Maladie donnent beaucoup d’argent à des associations comme

l’ADMR. La mairie peut être le donneur d’ordre, l’organisateur, elle donne avec la CAF également beaucoup d’argent aux centres sociaux, elle peut indirectement contribuer à développer un réseau d’entrepreneurs indépendants au service de la collectivité beaucoup moins coûteuse que des organismes subventionnés dont la rentabilité est difficile. Et puis le niveau municipal est proche du terrain encore plus proche que le niveau administratif départemental ou intercommunal Nous le voyons bien avec l’administration d’État, plus on s’éloigne du citoyen, plus il est difficile de comprendre et de répondre à ses attentes.

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