Leslie, on a parfois l’impression que la vie d’aujourd’hui est plus difficile, notamment dans l’éducation des enfants, que les relations entre adultes ou avec l’administration sont plus compliquées, il existe des aides mais on ne sait pas comment les trouver. Vous, vous proposez d’apporter des réponses et des solutions à tous ces problèmes ?
Je m’y efforce, j’accompagne dans la résolution des problématiques relatives aux relations humaines depuis plus de 15 ans. C’est un véritable travail d’équipe et c’est la raison pour laquelle souvent cela réussit. Les difficultés administratives se sont complexifiées depuis plusieurs années (difficulté pour avoir un interlocuteur, demande de multiples justificatifs, etc.…). Cela peut être décourageant et certaines personnes ont besoin d’être accompagnées pour l’accès à leurs droits, notamment quand elles traversent des épreuves de vie difficiles. Quant aux problématiques éducatives, elles ont toujours existé mais on est face à des discours multiples, n’allant pas tous dans le même sens, des injonctions contradictoires, comment s’y retrouver ??!!
Vous travaillez pour une mairie, pour un centre social ?
Depuis Septembre 2021 je suis entrepreneur individuel avec « La maison des émotions » et assistante sociale coordinatrice de la plateforme maladies rares en région CVL sur le CHRU à mi-temps. J’ai des projets en cours, en lien avec les collectivités, pour du soutien à la parentalité et aussi dans le cadre d’ateliers pour les enfants.
Vous intervenez en complément des organismes spécialisés dans l’attribution d’aides, la CAF, les centres sociaux, les associations et services municipaux ?
Exactement, les gens ont un plus grand besoin d’accompagnement et d’informations. Les organismes que vous citez sont engagés mais font face à un grand manque de moyens humains. De plus, je remarque qu’avec la crise sanitaire, les personnes se sont globalement plus isolées. Beaucoup de personnes ne font pas le premier pas pour aller chercher de l’aide. Beaucoup de mécanismes entrent en jeu, il y a la culpabilité, la honte… Il existe un risque plus accru de tomber dans la précarité.
Vous trouvez que les enfants sont parfois un peu trop passifs, ils passent beaucoup de temps devant les écrans, les vidéos, les jeux et les applications téléphoniques.
Globalement oui, à l’heure du “tout numérique”, il est facile de confier un téléphone ou une tablette à un enfant pour qu’il se taise, qu’il arrête de pleurer, pour l’occuper. Par manque de temps, par facilité. Nous avons tous des vies à “100 à l’heure”. Mon parti pris c’est de ne pas juger, il ne faut pas tout diaboliser, chacun fait ce qu’il peut. Mais c’est aussi d’ouvrir le champ des possibles. On peut prendre du temps en famille, par exemple autour du repas, pour échanger sur sa journée, s’attarder sur les bons moments que l’on a passés, organiser des temps dans la semaine où l’on va faire des activités parents-enfants : une balade en vélo, une sortie dans un parc, faire un jeu de société, aller à la médiathèque ensemble. Ces temps exclusifs, dédiés aux échanges, aux plaisirs partagés, sont indispensables. Ils nourrissent le cœur, ils favorisent des liens solides. Nous avons besoin de chaleur, de contacts humains… Ils sont la base pour des relations épanouies. J’organise en ce sens des ateliers Parents-Enfants, créateurs de bien être, de liens, de partages.
Vous croyez que les parents ont beaucoup besoin de parler ?
Bien sûr, il est important d’avoir un réseau de partage, de soutien, d’écoute. De savoir vers qui se tourner quand on se questionne ou que l’on est en difficulté. Dans le domaine de l’éducation, il n’y pas de méthode unique et il n’est pas évident de prendre toujours de bonnes décisions, on subit parfois les influences de médias, de la télévision qui répandent d’ailleurs beaucoup d’informations assez pessimistes. Je trouve que c’est dommage, on est un peu perdu, on ne sait plus quoi penser finalement.
Quel est votre formation, votre expérience, êtes-vous psychologue ?
Non. Je possède un diplôme d’état d’assistant de service social depuis plus de 15 ans et j’ai suivi un diplôme Universitaire en Education pour la santé en 2020. Je suis aussi animatrice (j’ai eu mon BAFA il y a plusieurs années) et formée depuis cette année aux « Happy Ateliers Enfants », un concept de développement des compétences émotionnelles et relationnelles, par le jeu. Ce sont des ateliers ludiques pour expérimenter des outils simples mais efficaces pour la gestion du stress, des émotions, pour développer la confiance en soi, la concentration. On passe par des temps de découverte, de délivrance de messages importants sur ce qui se passe dans le corps, dans la tête, quand on est face à une situation de stress ou un moment d’émotion forte et désagréable. Ces ateliers peuvent se mettre en place dès 2.5 ans. Au départ on parle des différentes émotions, on apprend à les reconnaitre sur soi, sur les autres. Je m’aide de petits personnages, de mîmes, de mise en scène. Je fais des ateliers jusqu’à 11 ans, par thème, par cycle, en adaptant le contenu pédagogique à l’âge des participants. Bien se connaitre, être bien dans “ses baskets”, c’est mon leitmotiv !! Quand on a les bonnes bases, on grandit de façon saine et sereine et on peut être en interaction avec les autres de manière pacifiste. Travailler sur ses compétences psychosociales, c’est aussi prévenir les situations de violences, de maltraitance, de harcèlement ! C’est s’inscrire dans une démarche de prévention et de santé publique ! Le groupe est porteur car riche de l’expérience de chacun, source de partages, de moments joyeux à vivre ensemble.
Vous trouvez que les enfants sont stressés ?
Oui beaucoup, car ils ressentent le stress ambiant, celui de leur entourage, de leurs parents ! Et ils ne savent surtout pas comment s’en défaire ! Surtout que ces sujets ne sont généralement pas abordés avec eux. Les émotions relèvent encore souvent de l’intime dans les familles, c’est assez tabou. Il y a aussi le poids du culturel qui entre en jeu. C’est pour cela que je leur fais expérimenter, dans mes ateliers, des outils pratiques qu’ils pourront réutiliser à la maison, à l’école, dès qu’ils en auront besoin. Cela passe par de la sophrologie, de la relaxation, de la visualisation positive, mais aussi des outils créatifs qu’ils peuvent emporter avec eux. Et ils pourront en faire profiter leur famille également !!
Vous exercez de façon privée une mission de service public. Vous contribuez à l’amélioration des relations entre habitants. Vous créez une dynamique de groupe vous prévenez les difficultés, vous pourriez être subventionnée par la mairie ?
Les moyens alloués à la prévention sont malheureusement très faibles. Œuvrer pour une mairie et aller à la rencontre des enfants et parents du territoire en proposant mes ateliers dans les écoles, les crèches, le RAM, le centre social, la médiathèque, etc.… serait l’idéal et la concrétisation de mon projet. Je suis en réflexion sur un projet de maison des émotions itinérante, un appel aux subventions est également à envisager…
La mairie pourrait peut-être proposer une aide aux habitants qui font appel à vous ?
Effectivement, des demandes de subventions sont possibles, avec la CAF, le conseil départemental… je suis en lien avec certaines mairies en ce sens. Mais les financements restent ponctuels. Ces sujets sont pleinement d’actualité et doivent, pour moi, s’inscrire dans une continuité, pour être efficients. La solution, ce serait d’être financée sur un temps par la collectivité ! Se donner les moyens de développer ces ateliers, redonner du pouvoir d’agir aux habitants, les besoins sont immenses !!
C’est difficile de rencontrer un élu ?
Non, je ne crois pas, j’ai des contacts et je vais en prendre d’autres ! Je vous raconterai !
Merci Leslie. Pour plus de renseignements et vous rencontrer et participer à des ateliers, comment puis-je faire ?