Reprise de Duralex par ses salariés : «Le modèle des scop est séduisant en théorie mais sa mise en place est parfois complexe»
A l’aune de la transformation de Duralex en société coopérative de production, le sociologue Maxime Quijoux juge le modèle relativement méconnu comme «prometteur» mais pas suffisamment soutenu par les politiques publiques.
« Tous patrons ! C’est en tout cas ainsi que pourront se désigner les salariés de l’usine Duralex de La Chapelle-Saint-Mesmin, dans le Loiret. Le 26 juillet, le tribunal de commerce d’Orléans a choisi d’opter pour la proposition portée par des salariés du célèbre verrier d’adopter le statut de société coopérative de production (scop), tout comme 2 590 autres entreprises en France. Bien que ce modèle soit relativement méconnu du grand public, il existe depuis cent quarante ans. Maxime Quijoux, sociologue au CNRS et expert des systèmes coopératifs, étudie ces structures «prometteuses» mises en avant par les responsables politiques de gauche comme de droite, mais qui bénéficient d’un «soutien limité et souvent insuffisant». »
Tours : l’entreprise à but d’emploi Co-Hop’ est lancée
Créée officiellement depuis l’été 2024, l’entreprise à but d’emploi Co-Hop’ vise à sortir des dizaines d’habitants des quartiers du Sanitas et Velpeau du chômage de longue durée.
Après plusieurs années de travail, l’entreprise à but d’emploi (EBE) Co-Hop’ a enfin été lancée depuis le 1er juillet 2024. « Nous avons reçu l’habilitation par décret d’État le 24 avril 2024, indique la directrice, Albina Deschamps. Nous étions onze salariés, mais nous avons embauché une personne supplémentaire en août. » L’entreprise vise une forte croissance, avec 25 salariés fin 2024 et « 120 équivalents temps plein (ETP) et 150 salariés d’ici cinq ans ».
Une ambition forte pour un projet expérimental, né de Territoire zéro chômeur longue durée (TZCLD) Sanitas-Velpeau, le deuxième en Indre-et-Loire après celui de Bléré. « L’objectif de cette EBE, c’est de devenir un employeur incontournable et une entreprise qui produit ce qui est utile pour les habitants. »
Albina Deschamps souligne que « nous ne recrutons pas, nous embauchons. Nos salariés doivent venir du territoire du Sanitas-Velpeau, qui est délimité dans le décret, et être au chômage depuis au moins un an. Ensuite, nous fonctionnons à l’opposé des autres entreprises, puisque nous partons de ce que les gens savent faire pour créer de l’activité et leur proposer un CDI à temps choisi, en fonction des contraintes de chacun. »
Pour l’heure, Co-Hop’ propose quatre « unités de production » : une conciergerie pour les habitants et les entreprises, une recyclerie sportive jeux et jouets, « pour donner accès aux équipements sportifs aux plus modestes et à ceux qui se tournent vers la seconde main », un service de mobilité douce, avec l’acquisition d’un vélotaxi pour les particuliers, et une offre de maraîchage en milieu urbain, avec également des ateliers pour les enfants et les personnes âgées.
Ces offres dépendent donc des compétences des salariés, mais aussi de réflexions collectives. Les travailleurs sont d’ailleurs amenés à travailler sur différentes unités de production. « L’objectif de l’EBE, c’est de constituer, pour certains, un filet de sécurité, qui permet de sortir du chômage et d’avoir un salaire fixe, explique la directrice. Mais pour d’autres, c’est un tremplin, une montée en compétences afin d’intégrer d’autres entreprises. C’est une manière d’œuvrer pour le droit à l’emploi et cela permet d’intégrer de nouvelles personnes, lorsque des salariés s’en vont vers d’autres projets. »