Vous pensez utile de créer un hôtel-restaurant pour les sans domicile fixe ?
J’échangeais il y a quelques semaines avec des parents d’élèves, il y avait un président d’une association de parents qui m’apprenait que des enfants d’un
collège du centre de la ville de Tours dormaient dans la rue. Un autre parent présent, enseignant dans une école élémentaire de Tours connaissait également
dans son école des parents et des enfants sans domicile fixe. Les personnes, adultes et enfants, sans logement et sans domicile ne sont pas rares à
Tours. C’est pour les accompagner que le collectif tourangeau « Pas d’enfants à la rue » a été créé. Au printemps, le dojo du Palais des sports a été occupé par
une cinquantaine de personnes qui n’avaient pas de logement.
Comment imaginez-vous cet hôtel-restaurant ?
Il s’agirait de mettre à disposition un grand bâtiment inoccupé qui pourrait être un refuge mais également une maison pour tous les sans-abris et je pense
en particulier aux enfants qui vont à l’école et qui n’ont pas de logement, je trouve cette situation insupportable.
A quel bâtiment inoccupé pensez-vous ?
Lorsque je me balade j’ai remarqué des bâtiments inoccupés, par exemple l’ancien hôpital de la Haute Barde dans le nord du département mais il y a aussi
plus près l’ancien couvent des Minimes à la Riche, les bâtiments inoccupés ne manquent pas.
Mais ces lieux inoccupés ne sont pas toujours habitables et puis peut-être que pour certains, être sans domicile est un choix ?
Peut-être pour quelques adultes mais certainement pas pour les enfants et puis s’il s’agit peut-être d’un choix, alors il est souvent contraint. Le nombre
de bénéficiaires du RSA a doublé en dix ans, j’ai évoqué cette évolution dans une autre idée de ce manuel, nous pouvons imaginer qu’il aura triplé dans les
dix prochaines années. La frontière est proche entre les minimas sociaux et le risque d’être sans domicile. Le risque est important, il convient d’apporter une
réponse rapide à cette évolution dramatique qui prend de l’ampleur.
Il n’est pas possible de les accueillir dans un endroit à rénover, c’est dangereux ?
Et pourquoi pas, c’est mieux que la rue !
Cela coûte cher !
Il ne s’agit pas de rénover avant l’utilisation. Il faut simplement un point d’eau et une arrivée d’électricité. L’idée n’est pas d’habiter dans un lieu luxueux.
Vous savez il ne s’agit pas d’un endroit confortable, c’est un abri. Peut-être qu’il le deviendra confortable un jour si ses occupants le souhaitent !
Il faut équiper, une cuisine, des douches, des sanitaires, cela présente quand même un coût.
Généralement un bâtiment abandonné dispose déjà de toilettes et est raccordé au tout à l’égout, quant à la cuisine ce ne sera pas un restaurant trois
étoiles, ce n’est pas compliqué de préparer une salade et une soupe.
Comment organiseriez-vous cet hôtel ?
J’imagine un hôtel facultatif, desservi par un bus le soir et le matin, ceux qui en ont envie montent dans le bus, ils connaissent les points de ramassage ou44alors on peut leur indiquer. Ceux qui le souhaitent reprennent leur liberté le matin. Si cependant ils souhaitent rester dans l’hôtel, ils y restent en
accomplissant des travaux de ménage, de petits travaux de réparation et aussi de préparation du repas du soir
Vous croyez qu’ils vont accepter de rénover le bâtiment occupé ?
Bien sûr, ceux qui ont envie de remercier, car il s’agit de leur maison d’accueil et puis ils n’y sont pas obligés, ils peuvent partir. Ce genre de maison
n’existe pas, il existe des centres d’hébergement mais temporaires. Nous pouvons même imaginer que cet hôtel devienne un vrai hôtel et les occupants
les employés.